C’est une victoire.
Gildas est un garçon de dix ans. En novembre 2024, il a été expulsé en Croatie avec ses parents, en raison d’une décision du Secrétariat d’État aux migrations sur la base du règlement Dublin. Après des mois de lutte politique et juridique, il a enfin pu revenir en Suisse avec sa famille.
Gildas est atteint de drépanocytose, une maladie génétique nécessitant des transfusions sanguines régulières. Le 19 novembre 2024, des policiers sont venus le chercher pour procéder à l’expulsion, alors qu’il se préparait à aller à l’école, et ce malgré un rendez-vous médical prévu trois jours plus tard à l’hôpital pour enfants de Saint-Gall.
À la suite d’un appel lancé par Solidarité sans frontières, de nombreuses organisations de défense des droits des personnes étrangères et des centaines de soutiens individuels se sont mobilisés. Plusieurs personnalités publiques ont également pris position pour demander le retour de la famille en Suisse.
Du côté croate, les médecins ont été clair·es : « Le traitement de patients comme Gildas est très difficile dans notre pays en raison du risque élevé de réaction hémolytique grave après transfusion. C’est pourquoi nous recommandons un nouveau séjour dans un pays comptant un plus grand nombre de donneurs de sang d’origine africaine. Cette recommandation est émise dans le cadre d’une demande de visa humanitaire. »
Finalement, après des mois de mobilisation et une demande explicite des autorités croates adressée à la Suisse, Gildas a pu rentrer.
Il est crucial de comprendre que la situation de Gildas n’est ni une erreur administrative, ni une exception, mais bien le résultat de choix politiques autoritaires et dangereux. Depuis longtemps, Solidarité sans frontières dénonce le règlement Dublin et son application rigide et absurde, qui met en danger chaque année des centaines de personnes.
La Suisse n’a en réalité aucune obligation d’appliquer ces renvois. C’est ce que rappelle l’article 17 du règlement Dublin : « Par dérogation à l’article 3, paragraphe 1, chaque État membre peut décider d’examiner une demande de protection internationale qui lui est présentée par un ressortissant de pays tiers ou un apatride, même si cet examen ne lui incombe pas en vertu des critères fixés dans le présent règlement. »
Alors que s’ouvrent les discussions au Parlement sur le régime d’asile européen commun (RAEC), les dispositions relatives au règlement Dublin risquent, une fois de plus, d’aggraver la situation et de restreindre davantage les droits des personnes concernées. Dans ce contexte, Solidarité sans frontières reste pleinement mobilisée et refuse de céder. Nous reviendrons vers vous dans les semaines à venir pour vous informer de l’évolution des débats parlementaires et de nos actions.
Le retour de Gildas et de sa famille est une victoire. Elle nous rappelle, une fois de plus, la force du collectif et l’importance de faire vivre nos mobilisations.
Merci.