La réalité des femmes* réfugiées : D’un trauma à un autre

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Photo de couverture de l'édition spéciale sur la grève féministe

Alors qu’on pourrait rêver d’une stabilité, nos vies peuvent changer du jour au lendemain. Je le sais car voici déjà cinq ans que je suis loin de mon pays et de mes proches. Les observations que j'ai faites en arrivant en Suisse et que je continue à faire, m'ont montré à travers diverses expériences qu’être une femme réfugiée exacerbe les difficultés liées à un statut déjà très éprouvant. Personne ne peut remettre en question le fait qu’être une personne réfugiée soit difficile pour de nombreuses raisons. Lorsque nous regardons de plus près ce que cela implique en tant que femme, nous sommes directement confrontées aux zones d’ombres du statut des réfugié·es. 

Concrètement, les difficultés des femmes réfugiées commencent dès le moment où elles commencent leur voyage. Les femmes migrantes sont exposées à divers dangers sur les routes migratoires : Mauvais traitements, violences, traite humaines, tortures, viols, etc. De plus sur les routes migratoires, les femmes migrantes ont du mal à répondre à leurs besoins fondamentaux et leur accès aux soins est limité. Tout cela crée de profonds traumatismes corporels et mentaux. Malheureusement, les processus de guérisons sont longs et peuvent affecter une vie entière. Parfois, pour diverses raisons de sécurité, certaines femmes doivent laisser leurs enfants et partir seules vers l'inconnu, avec l’espoir de créer un meilleur futur pour leur famille. Dans le cas inverse, en plus de leur propre sécurité déjà difficile à assurer elles sont en charge de celle de leurs enfants. La sécurité est une grande problématique en soi ; les familles migrantes passent généralement par des routes difficiles et sont confrontées à des situations très dangereuses. La sécurité des enfants étant une priorité, les femmes migrantes doivent redoubler d’efforts afin de les protéger. C’est une population très vulnérable qui doit faire face à des dangers déjà dure à affronter pour tout être humain. En cas d'accident éventuel, il n'est pas possible d'accéder à un service de santé quelconque. Les personnes réfugiées sont souvent confrontées à des dangers de mort aux frontières et aux points de passage frontaliers spécifiques. Nous savons que les conditions de voyages sont dures et parfois impitoyable.

 

Que se passe-t-il dans les centres d’accueil pour les personnes réfugiées en Suisse ? 

On pense souvent à tort que le chemin pour arriver jusqu’en Suisse était le plus dure à faire, et que nous somme enfin en « zone sûre ». Cependant mon expérience m’a plutôt prouvé que commencent alors encore beaucoup d’autres type de difficultés.

Les centres pour les personnes requérantes d’asile sont des lieux temporaires où elles trouvent un lit, de la nourriture, de l'eau et des soins de santé. Cependant, les femmes vivant dans ces camps sont confrontées à une série de problèmes.

Les femmes vivant dans des camps de réfugié·es sont souvent exposées à des abus sexuels, des viols et d'autres formes de violence sexuelle. En outre, prend place une dissimulation systématique des cas de violence sexuelle subis par les femmes et bien souvent ont leur conseille le silence. Les institutions chargées d'assurer la sécurité dans les camps découragent souvent la dénonciation des violences, en protégeant les auteurs et en blâmant les victimes. Nous pouvons donc nous demander : « qui protège qui ? ».  Cela peut s'expliquer en partie par le fait que les camps sont souvent des lieux surpeuplés, isolés et donc peu sûrs.

Les services de santé trop absents des centres d’accueil empêchent une qualité de vie digne, en particulier pour les femmes. Par exemple, pendant la grossesse, l'accouchement et la période postnatale, les femmes ont besoin de soins médicaux spécifiques. Le manque de personnel de santé et de matériel médical dans les centres peut conduire les femmes à lutter alors qu’il s’agit d’un droit fondamental. De plus, en Suisse les personnes sans carte de séjour sont privées de tout accès aux traitements approprié, aux médicaments, aux services de soutien médical efficaces et rapides. Elles doivent attendre des mois pour obtenir un rendez-vous pour tout problème de santé.

Les conditions de vie dans les camps sont souvent trop précaires. Les personnes vivent dans des environnements surpeuplés et partagent des espaces limités, ce qui peut avoir un impact sérieux sur leur santé émotionnelle et physique. 

Plus haut, j’ai fait référence à la dimension « temporaire » des camps et foyers. Cependant, cette temporalité est bien souvent trop subjective. Comme on le sait, ces lieux dit temporaires sont le premier endroit où commence l'incertitude. Personne ne sait réellement combien de temps il/elle va y rester. 

Les employé·es de ces centres sont pour la plupart absolument pas qualifiées pour accompagner les personnes lors de leurs parcours et sont aussi parfois à la source de certains problèmes vécus dans les camps. J’ai été très souvent confronté à des comportements humiliants de leur part.  Par exemple, une mère demandant un morceau de pain pour son enfant, à qui on l’avait refusé immédiatement, voilà une démonstration de force qui met en évidence ceci : qui domine et donc qui décide. Ou encore je me souviens qu’une femme avait demandé un espace loin des autres hommes dans le camp où elle pourrait être au calme de temps à autres, on lui rappela rapidement que « l’on n’était pas dans un hôtel ici ! ». 

Certains réfugiés hommes vivant dans les mêmes centres pourraient agresser sexuellement des femmes sans avoir peur, car on ne prend pas au sérieux les besoins de ces dernières. J’ai déjà dû faire face à beaucoup de commentaires dégoutants à base d’allusions sexuelles du type ;"Quand est-ce que tu as mangé une banane pour la dernière fois ? Tu veux manger une banane ?"

Ce à quoi les employés de ces centres n’ont rien répondu, car d’après eux ce n’était que des mots ou juste pour rigoler et de toute façon « on peut rien faire… ». Personnes ne veut donc prendre en charge le sentiment de sécurité nécessaire à tout être humain.

J'ai passé un an de ma vie dans un bunker à attendre que les choses changent, avec l’espoir que les choses s’améliorent car une femme avait la charge de ce camp. Les années suivantes ont m’a déplacé d’un camp à un autre.

Voici les arguments utilisés contre moi pour justifier ces déplacements incessants : J’ai été étiquetée comme étant une personne qui ne respecte pas les règles du centre et qui recherche le luxe. Parfois j’ai rencontré du personnel de l’ORS dont la famille était issue de la migration, cependant je ne leur ai trouvé aucune capacité d’empathie. Ces personnes nous ont traité autant mal que les autres. Un jour où j'ai été agressé physiquement par un autre réfugié avec qui je partageais la même maison, une assistante de service m'a dit ceci : "Nous avons beaucoup entendu parler de vous, nous avons lu beaucoup de choses à votre sujet, mais c'est la première fois que nous vous voyons ». J’ai compris donc que je faisais partie de leurs commérages et que ma réputation de personne réfugiée qui recherche le luxe me suivait. Alors que tout ce que je voulais, tout ce que nous voulions, c'était de vivre dans des conditions humaines de base, et un peu de compréhension. Pour les assistant·es travaillant pour ORS nous ne constituons rien d’autre que des problèmes, j’avais l’impression de faire face à des robots dénués de toute valeur humaine.

 

Maintenant, fermez les yeux et imaginez que vous vivez dans bunker 

Sans sécurité, au milieu d’une forêt avec une seule femme responsable supervisant six femmes réfugiées parmi 60 à 70 hommes, sans porte ni protection. Ajoutez maintenant que la responsable laisse ces six femmes seules, abandonnées au milieu des difficultés, sans essayer de les aider ou de leur fournir un espace sûr, les considérant comme inexistantes. Qu’est-ce que vous pensez de cette image ? Peut-on dire que c'est un cauchemar ? Je pense que oui. J'ai vécu ce cauchemar pendant un an. Je n'avais pas d'argent pour aller en ville, je ne connaissais personne, mais j’ai continué à survivre. J'avais besoin de parler, j'avais besoin de socialiser. Savez-vous comment j'ai fait ? Je sortais de ma chambre délimitée par un simple rideau de velours rouge et je me rendais dans la forêt. Là, je parlais aux arbres, je leur racontais ce que j'avais vécu ce jour-là, je dansais avec eux, je les embrassais. Nous élaborions des plans pour nous échapper, parce que personne ne nous entendait. 

Nous avons été placées dans un endroit souterrain, isolé de la société, pour ne pas déranger les personnes suisses. Dans ce lieu caché, non seulement nous n’avons dérangé personne, mais nous avons appris aussi à cacher notre identité en tant que femmes, pour ne pas être dérangées.

 

Sommes-nous vraiment invisibles ? 

Pourquoi sommes-nous si invisibles ? Pourquoi les mouvements féministes, les associations et les personnes militantes que nous avons vus dans les grèves et le 8 mars dans les rues ne nous ont-ils pas aidés à faire entendre nos voix ? Pourquoi personne ne marche à nos côtés ? Pourquoi nos besoins sont constamment invisibilisés ?

Une autre question que je me pose est la suivante : où sont les femmes réfugiées qui ont fait une demande d'asile ? Et où sont les femmes qui ont obtenu un permis de séjour ? Que font-elles ? Quels sont les problèmes auxquels elles sont confrontées ? Comment résolvent-elles leurs problèmes ? Que font-elles lorsqu'elles sont confrontées à la violence domestique, au chômage, à l'isolement linguistique ? Que ressentent les femmes qui ne peuvent pas suivre de cours de langues ou les femmes qui ne peuvent pas participer à la vie sociale en raison de la pression sociale de leur propre communauté, qui sont parfois contraintes de prendre en charge seules leur famille ? Que font les femmes qui ne peuvent pas entrer sur le marché du travail, qui sont menacées par des rumeurs et des calomnies de la part de membres de leur propre communauté. Que ce soit au sein de leur propre foyer ou à l’extérieur, elles sont sans cesse sous pression.

Pourquoi les femmes réfugiées sont-elles seules ? Les raisons sont les barrières linguistiques, l'insécurité juridique, la discrimination sociale, les difficultés économiques ou la pression dans la famille. Mais aussi la sécurité des enfants, l'éducation, la santé, la pauvreté, la séparation, l'isolement social ou les problèmes de garde d'enfants. À cela s'ajoutent le sans-abrisme, les conflits culturels, la violence ou les problèmes psychologiques - la liste pourrait s'allonger à l'infini. Pourquoi toutes ces difficultés auxquelles sont confrontées les femmes immigrées ne trouvent-elles pas suffisamment de place dans les luttes féministes ? Pourquoi sont-elles souvent ignorées ?

Or, dans de nombreux endroits du monde, les femmes luttent toujours contre les politiques réactionnaires, féodales et d'extrême droite. On pourrait dire que "femme" signifie presque lutter. Les femmes souvent ont courageusement pris la tête des luttes pour l'égalité sociale et politique, la défense de leurs libertés, la recherche de justice. La lutte des femmes est toujours porteuse d'espoir et nous rappelle chaque jour la valeur des luttes et des organisations collectives.

 

La voix des femmes migrantes est-elle suffisamment entendue dans les luttes féministes ? 

Des recherches menées indiquent le manque de représentation des femmes réfugiées dans les mouvements féministes et les obstacles à leur participation au militantisme sont nombreux. Par exemple, Tavakoli (2019) souligne que la participation des femmes réfugiées à l'activisme en Australie est entravée par des facteurs tels que, la langue, la race et la classe sociale. De plus, Tavakoli souligne que les femmes réfugiées hésitent à être activiste en raison d’un côté des pressions familiales, de l’autre à cause des différentes normes sociales qu’elles rencontrent dans le pays d’accueil.

Diner (2018) présente des exemples de la sous-représentation des femmes réfugiées dans les mouvements féministes, en particulier en Europe occidentale, où ces derniers ne leur accordent pas suffisamment de place pour partager leurs expériences et perspectives.

Yegenoglu (2018) donne des exemples de la participation restreinte des femmes réfugiées aux mouvements féministes et antiracistes. Il est notamment noté que certains mouvements, en se concentrant sur les différences culturelles des femmes réfugiées, les représentent de manière unidimensionnelle et ignorent leurs expériences. Ces exemples présentent différentes perspectives sur la représentation des femmes réfugiées dans les mouvements féministes et les obstacles à leur participation au militantisme.

De même, une étude menée par le Conseil de l'Europe indique que les femmes réfugiées ne sont pas suffisamment représentées dans les mouvements féministes. L'étude souligne également que les mouvements féministes ne sont pas suffisamment sensibles aux priorités des femmes réfugiées, en plus des difficultés telles que les discriminations, la solitude et l'isolement social que les femmes réfugiées rencontrent en raison de leur statut. (Conseil de l'Europe (2019). Les femmes réfugiées et les mouvements féministes: L'interaction et les défis. Strasbourg: Conseil de l'Europe.)

Une étude similaire menée en Australie examine les obstacles à l'organisation et à la participation des femmes réfugiées à l'activisme. Selon cette étude, les barrières linguistiques, les différences culturelles, les difficultés rencontrées pendant le processus de demande d'asile et les discriminations rendent difficile pour les femmes réfugiées leur participation de manière active. Cette étude souligne encore que la représentation des femmes réfugiées dans les mouvements féministes est insuffisante. ( Gower, K., McCallum, C., & Hopkins, J. (2017). Women refugees and/as activists in Australia: An exploration of the challenges and possibilities of political participation. Australian Feminist Studies, 32(91), 403-419)

 

 

Féministes et "autres femmes" 

La prise en compte de la voix des femmes immigrées leur permettrait de s'exprimer et d'obtenir une meilleure compréhension de leurs problèmes afin de trouver des solutions. En raison du manque de représentation adéquate des femmes immigrées dans les mouvements féministes, les solutions proposées sont souvent insuffisantes et les expériences des femmes immigrées ne sont pas entendues. 

Le manque de participation des femmes à ces luttes est souvent dû aux attitudes sexistes et racistes de la société, ainsi qu'aux lacunes des mouvements féministes et des mouvements pour les droits des personnes immigrées. Les organisations féministes et les organisations pour les personnes réfugiées devraient accorder une plus grande attention aux problèmes des femmes réfugiées. Une attention particulière devrait être accordée à des questions telles que les difficultés rencontrées par les femmes réfugiées vivant dans des camps, la violence physique et psychologique, le harcèlement sexuel, l'accès aux services de santé, à l’éducation et au travail. 

Ce faisant, les organisations féministes ne devraient pas agir en prenant pour seule référence les valeurs de leur propre pays ; elles doivent tenir compte des différentes sensibilités, évaluer les différentes attentes, surmonter la barrière de la langue et établir une communication correcte et efficace avec les personnes concernées, être plus inclusives et se concentrer sur des problèmes plus actuels. 

Des formes de communication plus concrètes devraient être développées. Par exemple, la grève féministe du 14 juin est très précieuse pour nous toutes, nous devons nous battre pour lui donner plus d’ampleur. Je pense que la même énergie est nécessaire pour la lutte permettant un accueil décent aux personnes réfugiées et particulièrement aux femmes, il s’agit d’une urgence. 

Nous devons être militant·xes, inclusif·vexs, pour tou·txes, efficaces, sans peur et audacieu·xses. Nous n'avons rien à craindre, rien à perdre. Personne ne devrait avoir le pouvoir d’intimider des femmes qui ont déjà beaucoup perdu et encore moins par le biais de la précarité de leur statut.

 

 

Que faire et comment le faire ? 

Pour encourager la représentation des femmes réfugiées dans les mouvements féministes et leur participation à l'activisme, les actions suivantes peuvent être mises en place :

Adopter une approche inclusive : Les mouvements féministes doivent adopter une approche inclusive en prenant en compte les priorités concernant les femmes réfugiées. Il est important d'augmenter la visibilité des femmes réfugiées dans les mouvements féministes en considérant les difficultés et les besoins auxquels elles sont confrontées.

Créer des espaces : La création d'espaces est importante pour encourager l'organisation et la participation des femmes réfugiées à l'activisme. Les femmes réfugiées peuvent se réunir pour former des groupes de soutien et créer des liens. De plus, des programmes de mentorat, de leadership ainsi que des stages peuvent être proposés aux femmes réfugiées pour qu'elles participent activement aux mouvements féministes.

Apprentissage des langues, éducation et opportunités d'emploi : Le soutien aux femmes réfugiées en matière d'apprentissage des langues, d'éducation et d'opportunités d'emploi peut contribuer à leur autonomisation et à leur participation active. Les mouvements féministes doivent s'efforcer de soutenir les femmes réfugiées dans ces domaines et fournir des opportunités d'éducation et d'emploi si nécessaire.

Soutien psychologique : Il est important que les femmes réfugiées reçoivent un soutien psychologique en raison des difficultés, des traumatismes et des discriminations qu'elles ont subis pendant leur procédure d’asile et globalement leur durant tout leur parcours. Les mouvements féministes doivent fournir les ressources nécessaires pour que les femmes réfugiées puissent accéder aux services de soutien psychologique plus facilement.

Finalement, il est essentiel que les mouvements féministes et les autres groupes activistes se concentrent davantage sur les problèmes rencontrés par les femmes réfugiées et luttent pour leurs droits. Cela contribuera à accroître la représentation des femmes réfugiées, à encourager leur participation à l'activisme et à favoriser l'émergence d'un mouvement pour une société plus juste.

Avec des outils adéquats les femmes réfugiées pourront s’offrir une vie décente. Elles peuvent se reconstruire, se sentir bien et créer des espaces pour s'exprimer. Elles peuvent vivre une vie plus sûre sans craindre l'avenir pour se sentir enfin en sécurité. Elles devraient avoir accès à un emploi, une éducation, loin des traditions et de certaines idéologies rétrogrades qui leur pèse. Les femmes réfugiées ont le droit de s'exprimer, de choisir et de diriger leur propre vie autant que n'importe qui d'autre.

L'éducation est un outil important pour les femmes réfugiées. Les luttes féministes peuvent participer à la découverte de certaines opportunités et possibilités d'éducation disponibles afin de permettre une autonomisation.

Les opportunités d'emploi sont importantes pour la survie et la sécurité financière des femmes réfugiées, ainsi que pour leur avenir. Une marche à suivre pourrait être mis en place afin d’accompagner les femmes réfugiées dans leurs recherches d’emploi.

Les femmes réfugiées doivent participer à la société et être présentes dans la vie sociale. Il est donc très important d’avoir les mêmes opportunités que n’importe quelle autre femme.

Enfin, je voudrais parler d'un endroit très important que je considère comme essentiel : « l’espace safe ». Nous, les femmes réfugiées, avons parfois du mal à parler de nos expériences pour diverses raisons et nous sommes parfois écrasées sous le poids de nos difficultés, même entre nous. Parfois, nous parlons entre nous mais avons du mal à trouver des solutions seules. Les raisons sont multiples : la langue, la sécurité, les traumatismes, l'ignorance des structures politiques et sociales ou encore la perte d'identité et l'impossibilité d'obtenir un titre de séjour.

Dans ma propre expérience, j'ai toujours eu besoin d'un espace sécurisé. Cela me permet de m'exprimer, de me sentir moins seule, de lutter ensemble contre les problèmes rencontrés, de nous soutenir mutuellement ou parfois simplement de boire un café ensemble, car, nous savons tous et toutes à quel point il est important d'avoir quelqu'un pour boire un café et partagé un moment simple. 

La création de tels espaces est donc très importante. Pourquoi ? Parce que nous sommes plus forts et fortes ensemble, nous croyons en cela. De plus, ces espaces aident les femmes à faire entendre leur voix plus fort et à lutter contre leurs problèmes. Ils fournissent également un environnement sûr pour que les femmes réfugiées puissent se rassembler, partager leurs expériences et obtenir du soutien.

Comment pouvons-nous créer ces espaces ? 

Pour créer des « espace safe », les organisations locales de la société civile, les groupes d'activistes, les organisations féministes peuvent coopérer.  Ces espaces doivent également être attentifs à la sécurité et au besoin de confidentialité des femmes réfugiées. De plus, ils doivent être conçus pour répondre aux différents besoins des femmes réfugiées. Par exemple, des services d'interprétariat peuvent être proposés pour les femmes ayant des barrières linguistiques et une garderie pour les enfants. 

Toutes ces activités sont importantes dans la mesure où elles nous permettront de nous sentir "ensemble", d'agir et de lutter ensemble. Il est essentiel que nous puissions être soutenues de manière durable. 


Sevda Güney



Si vous avez des questions ou des remarques à propos de ce texte, vous pouvez les adresser directement à l'autrice: sevdaguney21@gmail.com.

 

 

Bibliographie

Conseil de l'Europe. (2019). Les femmes réfugiées et les mouvements féministes: L'interaction et les défis. Strasbourg: Conseil de l'Europe.

Gower, K., McCallum, C., & Hopkins, J. (2017). Women refugees and/as activists in Australia: An exploration of the challenges and possibilities of political participation. Australian Feminist Studies, 32(91), 403-419

Diner, A. (2018). The political activism of refugee women: opening a space for the feminist collective in Europe. Journal of Gender Studies, 27(3), 342-354. 

Tavakoli, S. (2019). From Refugee Women to Political Activists: A Case Study of the Intersection of Gender, Race, and Class. Journal of Refugee Studies, 32(2), 290-309

Yegenoglu, M. (2018). Refugee women and the feminist critique of multiculturalism. In K. Linder, M. Tamboukou, & B. Sünker (Eds.), Feminist research practice: A primer (pp. 173-191). Los Angeles, CA: Sage.

 

 

Sevda Güney