L’année parlementaire 2024 s’est achevée par une finale à rebondissements au Conseil des États. Avec une très faible majorité de 20 voix contre 18, 4 abstentions et 4 absences, l’abolition du regroupement familial pour les personnes admises à titre provisoire, demandée par l’UDC et à titre provisoire, demandée par l’UDC et déjà approuvée par le Conseil national, a pu être évitée de justesse. L’engagement important de la société civile, des œuvres d’entraide et des partis progressistes a porté ses fruits.
Il n’en reste pas moins un arrière-goût amer. Les conditions extrêmement restrictives du regroupement familial des personnes admises à titre provisoire demeurent inchangées et, pour 2025, il est déjà prévisible que les forces progressistes continueront à être principalement occupées par des combats défensifs contre la politique migratoire de l’UDC, que Donald Trump ne renierait pas.
L’UDC ne renonce pas
Le jour même de la votation, le conseiller aux États UDC Stark a demandé par la motion 24.4444 d’étendre les conditions restrictives du regroupement familial des personnes admises à titre provisoire (permis F) à toutes les autres procédures. Un jour plus tard seulement, le conseiller national UDC Riner a déposé la motion 24.4506, qui exige que les candidat·es au regroupement familial aient remboursé toute aide sociale perçue.
Lors de la session précédente, l’UDC avait déjà lancé une initiative parlementaire (24.453) visant à imposer les mêmes conditions restrictives aux permis B qu’aux permis F. En même temps, elle demande la suppression de l’aide d’urgence pour les requérant·es débouté·es qui n’ont pas d’enfants. Enfin, la motion 24.4588 du « chef de l’asile UDC » Schmid demande que l’asile ne soit plus accordé que pour une durée limitée de deux ans et qu’il ne donne plus lieu à un permis de séjour B (cantonal), mais à un simple permis fédéral, ce qui limiterait les possibilités de recours en cas de révocation.
Initiative sur la protection des frontières ante portas
L’UDC continue également d’exploiter son initiative sur la protection des frontières « Stop aux abus d’asile », qui court jusqu’en novembre 2025. Celle-ci ne vise rien d’autre que l’abolition du droit d’asile.
Outre des contrôles systématiques aux frontières nationales de la Suisse, l’initiative veut que les demandeur·ses d’asile se voient refuser l’entrée sur le territoire de pays tiers sûrs et qu’iels ne puissent ni déposer une demande d’asile ni obtenir une admission provisoire. Parallèlement, un « contingent d’octroi de l’asile » annuel de 5000 personnes maximum doit être fixé. Toutes les autres personnes sans-papiers devraient être expulsées du pays dans les 90 jours, exclues de l’assurance maladie, de l’AI et de l’AVS et leurs contrats de travail déclarés nuls. De plus, les admissions provisoires ne devraient plus être accordées du tout et les traités internationaux contraires devraient être dénoncés.
La demande d’interdiction de la procédure d’asile en cas d’arrivée d’un pays voisin a déjà été rejetée à plusieurs reprises par le Parlement. Malgré cela, l’UDC l’a à nouveau présentée au Parlement lors de la session d’hiver. Avec les deux motions identiques 24.4318 et 24.4321, déposées simultanément aux deux Conseils, elle n’a d’autre intention que de s’accaparer le thème au Parlement pour attiser le débat en vue de son initiative anticonstitution-nelle.
Les fantasmes de déportation à la Trump
Le troisième objectif de la campagne de l’UDC en matière de politique d’asile est l’expulsion massive de réfugié·es délinquant·es qui auraient « abusé de l’hospitalité ». Ainsi, dans la motion 24.3885, le conseiller national UDC Mike Egger demande que les demandeur·ses d’asile et les réfugié·es reconnu·es qui ont été puni·es pour un délit perdent automatiquement leur droit de séjour en Suisse et doivent quitter le pays. Esther Friedli récidive au Conseil des États avec la motion 24.4429, dans la droite ligne de l’initiative de mise en œuvre de 2016 – comme si la Cour européenne des droits de l’Homme ne venait pas de condamner la Suisse pour son application trop stricte de l’expulsion obligatoire.
Où est la réaction progressiste ?
L’UDC continuera donc en 2025 là où elle s’est arrêtée en 2024. Certes, nombre de ses propositions n’auront aucune chance, mais à long terme, une politique purement défensive ne suffira pas. Le oui du Conseil national à l’interdiction du regroupement familial a déjà montré à quelle vitesse les majorités peuvent basculer. Il faudrait au contraire une multitude d’interventions progressistes qui contribuent réellement à réorienter les débats parlementaires dans une autre direction.