Aujourd'hui, au petit matin, la police est venue à Balmberg, dans le canton de Soleure, et a tiré des enfants et leurs parents du sommeil. Une fois de plus, elle a menotté un père et entravé une mère. Avec un autre passager, toute la famille a été expulsée vers la Croatie.
En Croatie, la famille burundaise a subi de graves violences pendant son passage. Les mauvais traitements subis par la famille en Croatie étaient si brutaux qu'une plainte a été déposée auprès du Comité des droits de l'enfant des Nations unies. L'avocat de la famille, Guido Ehrler, a informé le service de l'immigration du canton de Soleure de la plainte et du fait que des mesures superprovisoires seraient très probablement prises pour suspendre l'expulsion. La police n'a pas attendu la réponse du comité de l'ONU et a plutôt renvoyé la famille sous la contrainte. Et elle ne voulait pas être vue. Les témoins qui voulaient filmer l'expulsion en ont été apparemment empêchés : "Les forces de sécurité nous ont même empêchés de regarder", disent-ils.
Nous condamnons cette hâte criminelle d'expulser à tout prix une famille avec de jeunes enfants vers la Croatie. Les conditions d'accueil des personnes vulnérables dans ce pays sont documentées par de nombreuses organisations et rapports : elles menacent clairement de violer les droits des enfants, ne garantissent aucune indemnisation pour les victimes de torture et menacent les droits des femmes et des victimes de violences sexuelles. Dernier point, et non des moindres : les personnes sont renvoyées à la garde de l'État qui a été gravement violent à leur égard par le passé.
"Je considère que l'expulsion qui vient d'avoir lieu est contraire à la loyauté. L'Office des migrations a expressément souhaité que la plainte soit déposée auprès du Comité des droits de l'enfant des Nations unies", explique Guido Ehrler, l'avocat de la famille.
À notre connaissance, au moins neuf plaintes contre des décisions suisses de renvoi vers la Croatie sont en cours auprès des comités des Nations Unies pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), pour les droits de l'enfant (CRC-IC) et contre la torture (CAT). Le service de l'immigration du canton de Soleure savait pertinemment que l'expulsion serait empêchée. Elle a préféré agir dans le mépris total des droits fondamentaux et de manière déloyale.
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